Revenants, spectres, âmes errantes et esprits frappeurs... échos d'outre-tombe Depuis la nuit des temps, des fantômes hanteraient les replis secrets de Paris, cimetières, catacombes, ruines, palais abandonnés et sombres venelles. À chaque époque, ses revenants. Si la Lutèce gallo-romaine s'efforce de les contenir à distance, la ville du Moyen Âge les célèbre dans d'étranges danses macabres. La fascination pour les spectres ne faiblit pas à l'âge classique ni au siècle des Lumières. Et, sous la Révolution, la guillotine tournant à plein régime ne favorise pas le repos des âmes. Au XIXe siècle, les bouleversements des grands travaux haussmanniens réveillent encore farfadets et poltergeists. L'heure est au culte des esprits. Quelques années et une guerre mondiale plus tard, des légions de morts laissent derrière elles une armée de vivants avides de communiquer avec les disparus.
Ces voix d'outre-tombe se sont-elles aujourd'hui évaporées dans les brumes du passé ? Rien n'est moins sûr...
Moins d'un siècle et demi séparent les chevelus escortant Victor Hugo à la Comédie-Française pour la première d'Hernani des beatniks américains prenant leurs quartiers dans un hôtel minable de la rue Gît-le-Coeur. Entretemps, le style de vie artiste « en dessous de la fortune mais au dessus du destin » se voit incarné par les meilleurs de leurs générations : Baudelaire, Nadar, Vallès, Courbet, Rimbaud, Verlaine... plus tard Picasso et la bande du Bateau-Lavoir, à Montparnasse, Modigliani, Foujita, Kisling... à Saint-Germain-des Prés, Duras, Gréco ou Cazalis. Une commune détestation du conformisme bourgeois est le trait d'union de ces rebelles qui ne reconnaissent de valeur qu'à la poésie, à la littérature, à la peinture, à l'opéra et aux chansons. Et à la fête, à l'ivresse, aux paradis artificiels pour certains, aux amours libres et à l'amitié pour tous.
Un mythe prend corps, popularisé par le cinéma, indissociable des bords de Seine qui l'ont vu s'épanouir.
Alchimistes de l'ombre, spirites inspirés, mages sulfureux, traqueurs de fantômes et astrologues visionnaires Si Paris a toujours dialogué avec les forces de l'esprit, c'est au milieu du XIXe siècle que la fascination pour les sciences occultes prend une ampleur inédite. Dans les salons de la bonne société et jusqu'au palais des Tuileries - où Napoléon III tente d'entrer en contact avec son oncle -, on fait danser les tables pour communiquer avec l'au-delà et les fantômes. Tandis que les alchimistes s'enferment dans leurs cabinets, écrivains ésotériques, artistes médiums, photographes spirites, magnétiseurs et féministes spiritualistes se passionnent pour le surnaturel. Parallèlement, des savants émérites auscultent des spectres dans leurs laboratoires et des personnages étranges s'adonnent à des messes noires. De la Grande Guerre à l'Occupation, la vogue occultiste s'enrichit d'un cortège de personnalités extraordinaires mues par un désir de magie et de mysticisme. Les visions des mages continuent de prospérer dans la littérature, l'art, la presse et la politique : astrologues, voyantes, fakirs, devins et oracles deviennent les gourous des temps modernes.
« La femme doit-elle écrire dans les journaux? ».
C'est le titre d'un article paru en 1922 dans le quotidien Paris-Midi. Dès la naissance de la Presse, les femmes ont du se battre pour écrire dans les journaux et se sont engagées avec courage dans la guerre des sexes.
Cette anthologie sur les premières femmes journalistes françaises de la Belle Epoque à la Seconde Guerre mondiale propose une galerie de portraits d'une vingtaine de femmes journalistes, de Séverine à Violette Leduc en passant par Colette, complétée par un choix d'articles emblématiques. Ces pionnières du journalisme au féminin, avides de liberté, auront tout vu, tout bousculé, tout expérimenté, tout compris. Leurs paroles semblent résonner plus que jamais.
En 1922, Victor Marguerite publie La Garçonne, l'histoire d'une jeune femme qui, trompée par son fiancé, décide d'être libre en ayant des relations aussi bien avec des hommes qu'avec des femmes. Elle porte des cheveux courts, sa poitrine est plate et elle fume l'opium.
Le succès du livre est phénoménal, la polémique sans précédent.
Comme un tiers des Françaises de cette époque, la journaliste et illustratrice Suzanne de Callias s'est coupé les cheveux. Très influencée par le roman de V. Marguerite, elle publie en 1926 une curieuse brochure, Florilège de l'antiféminisme, qui dénonce des femmes antiféministes comme la très réactionnaire chroniqueuse Marthe Borély, figure du mouvement, ou plutôt du « contre- féminisme ».
Un certain nombre de femmes s'illustrent alors comme antiféministes.
Ainsi la romancière catholique Colette Yver s'inquiète de la place croisssante des femmes dans le monde du travail, tandis que l'écrivaine Rachilde, publie un pamphlet à contre- courant, Pourquoi je ne suis pas féministe (1928).
Celles-ci connaissent une certaine gloire. Au-delà du scandale, l'attrait du public est dû au fait que ces antiféministes ne se préoccupent pas de l'égalité des sexes mais se passionnent avant tout pour la question de l'identité sexuelle. C'est la naissance des études de genre.
Bertrand Matot exhume cette polémique oubliée dans un essai enrichi d'une anthologie commentée des pamphlets, et nous fait découvrir une bien étonnante galerie de femmes.
Edgar Morin, Dionys Mascolo, André Essel, Yves Jouffa, Jacques-Francis Rolland, Henri Alleg, François Truffaut, Louis Malle, Jean-Claude Brisville, Jean-Toussaint et Dominique Desanti, Jacques Decour, Robert Hersant, Bertie Albrecht, Yvonne Le Tac et après la guerre Boris Cyrulnick, Lucie Aubrac, Jean-Pierre Vernant, Jean Louis Curtis: tous furent élèves, parents d'élèves ou professeurs du Lycée Rollin.
Certains sauvèrent l'honneur de la France, d'autres furent miliciens et Waffen SS de la tristement célèbre division Charlemagne. A la fois « fabrique » d'antifascistes et de collaborationnistes extrêmes, ce lycée fut l'incroyable théâtre du drame qui se jouait à l'échelle du pays. La résistance des jeunes y naquit dès septembre 1940. Un lieu à part, où cancres et surdoués connurent des destins croisés, toujours extrêmes, et trop souvent oubliés.
Il se révéla même une pépinière des mouvements artistiques et intellectuels de l'après guerre, tel que le groupe de la Rue Saint-Benoît pour la littérature ou celui de la nouvelle vague pour le cinéma. C'est donc toute une histoire inédite de la France pendant la dernière guerre que ce livre nous raconte, à l'appui de témoignages exceptionnels et d'archives surprenantes, rescapées de justesse par les soins de l'auteur.
Combien de Français ont connu son existence ?
Très peu à vrai dire, une poignée d'initiés.
En 1898, la France obtenait en location du gouvernement chinois un curieux territoire :
Kouang-Tchéou-Wan, situé aux confins de la Chine du sud. La capitale de ce confetti d'Empire allait vite prendre le nom de Fort Bayard, en mémoire du glorieux chevalier du Moyen-Âge.
« Sans peur et sans reproche », Fort Bayard ? Voire.
Cette cité, bientôt rivale de Hong Kong, cachait un secret jalousement gardé. Jusqu'en 1945, son port a servi de plaque tournante aux Français et à la Banque de l'Indochine pour diffuser et s'enrichir du commerce de l'opium.
Bertrand Matot brosse la fresque fascinante et étonnante de Fort Bayard, administré par d'étranges colons, raconté par nombre d'écrivains, visité par des aventuriers bigarrés et sans cesse assailli par les pirates et les Triades. Lieu de tous les trafics, protégé par l'État français, Fort Bayard fut aussi le petit théâtre de toutes les intrigues géopolitiques et des guerres du xxe siècle. Un document historique haut en couleurs.